« – Tenez, tenez, dit Pantagruel, voyez-en ici qui ne sont pas encore dégelées. »
Alors il nous jeta sur le tillac de pleines poignées de paroles gelées ressemblant à des dragées perlées de diverses couleurs. Nous y vîmes des mots de gueules, des mots de sinople, des mots d’azur, des mots de sable, des mots dorés. Après avoir été échauffés entre nos mains, ils fondaient comme neige, et nous les entendions réellement, mais nous ne les comprenions pas car c’était un langage barbare.
Rabelais, « Le Quart Livre »
Les couleurs de Gargantua étaient le blanc et le bleu, comme vous auriez pu le lire ci-dessus, et son père, par leur truchement, voulait donner à entendre que son fils lui apporte une joie céleste. Car le blanc signifiait à ses yeux joie, plaisirs, délices et réjouissances, et le bleu, choses célestes.
Je me doute bien qu’en lisant ces mots vous vous moquez de ce vieux buveur qui vous parle et jugez cette interprétation des couleurs trop grossière et impropre ; vous dites que le blanc signifie foi et le bleu fermeté.
« Gargantua »