Couleurs et « Usages du Monde » au XIXe siècle

Noces d’or
La « mariée » n’a pas perdu la coquetterie nécessaire à celle qui veut plaire jusqu’à la fin à celui qu’elle aime. Elle est vêtue d’une robe traînante en velours ou en satin violet pâle, un mantelet de dentelle ou de velours pareil à la robe. Ses boucles d’argent sont voilées d’une épaisse mantille de dentelle piquée de pensées. La pensée est la fleur de ces noces. Le marié la porte à sa boutonnière et tous les assistants dans leur toilette.
Secondes noces
La veuve qui se remarie ne s’habillera ni de gris, ni de mauve, ce qui aurait l’air demi-deuil et serait peu aimable pour son second mari ; elle évitera le rose, couleur trop gaie, qui serait déplacée. Elle se coiffera d’une mantille noire ou blanche, dans laquelle elle piquera quelques fleurs. Les chrysanthèmes et les scabieuses, qui sont dénommées fleurs de veuve, doivent être éliminés de sa parure.

Fiançailles
La jeune fiancée est habillée d’une robe gaie, rose tendre, bleu céleste, blanche avec des rubans aurore. Les femmes présentes assortissent la couleur de leur toilette à la circonstance, c’est-à-dire qu’il ne faut pas de notes sombres.

Visite au nouveau-né
L’accouchée reçoit étendue sur une chaise longue et parée, car c’est fête, grande fête dans la maison. La robe de la mère est à la couleur de l’enfant (bleue pour un garçon, rose pour une fille). La nourrice ou la bonne (si la mère a le bonheur de nourrir elle-même), qui se tient à portée pour montrer l’héritier, porte également la livrée du nouveau-né, et les tentures du berceau sont aussi roses ou bleues. L’enfant est tout de blanc vêtu.
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Une mère soucieuse de faire bien juger sa fille et de se faire bien juger elle-même, ne souffrira pas qu’un pot de carmin entre dans le cabinet de toilette ; au besoin, elle exercera une surveillance rigoureuse pour soustraire son enfant à cette déplorable pratique du maquillage.
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Au déjeuner de Pâques, on sert toujours des œufs durs teints de brillantes couleurs ou argentés ou dorés.
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Il y a aussi des bals roses, où, par une jolie convention, toutes les femmes invitées sont habillées de rose : soie, gaze, tulle, crêpe, etc. Les hommes attachent un camélia rose à la boutonnière de leur habit. Si on recevait une invitation à un bal rose et si on ne pouvait faire la dépense d’une toilette de cette couleur, on refuserait simplement… et sans regrets, si l’on était raisonnable…
Baronne Staffe