Fernand Léger

La couleur est une nécessité vitale. C’est une matière première indispensable à la vie, comme l’eau et le feu. On ne peut concevoir l’existence des hommes sans une ambiance colorée. Les plantes, les animaux se colorent naturellement ; l’homme s’habille en couleurs.
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Nous avons travaillé pour libérer la couleur. Avant nous, le vert c’était un arbre, le bleu c’était le ciel, etc. Après nous, la couleur est devenue un objet en soi ; on peut utiliser aujourd’hui un carré bleu, un carré rouge, un carré vert…
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La guerre fut grise et camouflée. Une lumière, une couleur, un ton même étaient interdits sous peine de mort. Une vie d’aveugles où tout ce que l’œil pouvait enregistrer devait disparaître. Personne n’a vu la guerre, caché, dissimulé, à quatre pattes, couleur de terre, l’œil inutile ne voyait rien. Tout le monde a « entendu » la guerre. Ce fut une énorme symphonie qu’aucun musicien ou compositeur n’a encore égalée : « Quatre années sans couleur ».